BeBiodiversity Faut-il les tuer pour mieux les protéger ?

Faut-il les tuer pour mieux les protéger ?

A la fin du mois d’août, la Conférence sur le commerce international des espèces menacées – la CITES – s’est terminée sur une série de nouvelles décisions visant à mieux protéger une série d’animaux vulnérables et en danger d’extinction. Parmi ces animaux, la girafe, le plus grand mammifère terrestre, une véritable icône de la savane africaine.

Mais comment en est-on arrivé là ?

Au cours des dernières décennies, les girafes ont connu un déclin alarmant : moins 40% sur les 3 dernières générations. La girafe est largement répandue en Afrique Australe et de l’Est ; il en existe 9 sous-espèces, associées à des régions très localisées. C’est surtout en Afrique de l’Est, dans des pays qui connaissent des troubles civils (Ethiopie, Soudan, Tchad) que les girafes ont été décimées. Malgré une protection assurée au niveau national, la perte de leur habitat et la chasse illégale ont réduit leur nombre. Les girafes sont braconnées pour la viande, les poils (dont on fait des bracelets pour les touristes) et … leurs queues, un vestige de traditions séculaires. En revanche, dans les pays d’Afrique Australe qui ont mis en place des mesures de conservation (Botswana, Namibie, Afrique du Sud, Mozambique et Zambie principalement), les populations ont quasiment doublé. Bien souvent, ces programmes de conservation sont financés par la chasse aux trophées. Dans les pays qui autorisent et encadrent sévèrement cette chasse, comme en Afrique du Sud et en Namibie par exemple, les girafes ont fortement augmenté.

Cette situation contrastée explique pourquoi la girafe ne remplit pas les critères de l’annexe 1 de la CITES (qui interdit les captures dans la nature) et a donc été classée en annexe 2 (qui conditionne le commerce à la délivrance d’autorisations CITES).

La chasse aux trophées, un mal nécessaire ?

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La chasse aux trophées génère des revenus plantureux.

La chasse légale aux trophées est un sujet particulièrement polémique. Nombreuses sont les ONG qui militent pour l’interdiction de cette pratique qui vise principalement les grands mammifères africains – les fameux Big Five : le lion, le léopard, l’éléphant, le buffle et le rhinocéros noir. Toutes ces espèces sont inscrites sur l’annexe 1 de la CITES mais avec des dérogations autorisant notamment la chasse légale aux trophées dans des pays très sur le volet.

Au mois d’août, de nouvelles mesures encadrant la chasse aux trophées des rhinocéros noirs en Afrique du Sud ont été adoptées. La manière de déterminer les quotas a été modifiée. Désormais, ce quota pourra varier en fonction des données scientifiques mais ne pourra, en aucun cas, excéder 0.5% de la population considérée. Si le nombre de rhinocéros devait descendre en-dessous d’un seuil limite, la chasse serait automatiquement interdite.

La chasse aux trophées de rhinocéros noirs n’est autorisée qu’en Afrique du Sud et en Namibie, deux pays qui abritent plus de 90 % des rhinocéros d’Afrique. Même si le braconnage a augmenté au cours des dernières années, la population totale des rhinocéros noirs continue à croître tant en Namibie qu’en Afrique du Sud. 5 trophées par an sont autorisés en Namibie. En Afrique du Sud, ils passeraient de 5 à 9 avec les dernières dispositions adoptées en août.

La chasse aux trophées génère des revenus plantureux. En 2014, un chasseur américain a déboursé 350.000 euros pour obtenir une des 5 autorisations annuelles octroyées par la  Namibie. Mais il y aussi des raisons techniques qui justifient cette chasse. Les rhinocéros mâles vieillissants, parfois possessifs, interfèrent sur les relations entre les femelles reproductrices et les rhinocéros mâles plus jeunes. En  ciblant ces rhinocéros mâles qui posent problème, cette politique pourrait contribuer à une meilleure croissance démographique.

La survie des rhinocéros africains, noirs mais aussi blancs, demeure fragile et exige des efforts constants. L’année dernière, le dernier rhinocéros blanc du Nord, Sudan, est décédé dans une réserve du Kenya, entouré de gardes et de soigneurs. Depuis cette disparition, la naissance d’un bébé est devenu l’objectif d’une équipe de scientifiques qui travaille sur la fécondation in-vitro du patrimoine génétique de Sudan.

Un documentaire relate l’aventure de Sudan. Le film, « The last male on earth », est projeté dans les salles de cinéma du pays, depuis le 25 septembre. Visionnez le trailer en avant-première et consultez aussi la liste des cinémas qui ont mis le film à l’affiche sur

https://www.thelastmaleonearth.com/nl/about-the-film

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