BeBiodiversity Détricoter le lien entre le trafic des tortues marines et la pollution plastique

Détricoter le lien entre le trafic des tortues marines et la pollution plastique

Chaque année des milliers de tortues rejoignent leur lieu de naissance sur les plages du Pacifique Sud pour y pondre leurs œufs. Parmi elles, les tortues olivâtres, la tortue luth du Pacifique et la tortue imbriquée. Si en mer leur grâce, leur agilité et leur vitesse charment et surprennent, sur les plages, elles sont lentes et vulnérables. Certaines espèces mettent 20 ans avant d’arriver en âge de se reproduire.

Les périls auxquels elles sont exposées ne sont pas tous naturels. Victimes de la pollution, de la réduction de leur espace de vie et de reproduction et du braconnage, les populations se réduisent. Pour protéger les populations restantes, toutes les tortues marines sont classées à l’Annexe I de la CITES qui interdit le commerce des œufs, des animaux vivants et de leurs sous-produits (écailles, carapaces).

En mer et sur les plages, les sacs plastiques retournés à l’état sauvage étouffent et étranglent les tortues adultes. La centaine d’œufs qu’elles pondent dans un trou creusé à même le sable est l’objet de la convoitise de trafiquants qui promettent un revenu complémentaire aux familles pauvres vivant sur le littoral. Difficile de résister quand il suffit de se baisser pour ramasser quelques œufs pour améliorer son quotidien.

Depuis 2001, Fauna & Flora International (FFI) a développé un programme de conservation des tortues. Ils ont mis en place des patrouilles de gardes forestiers issus des populations locales ainsi que des couvoirs. Ils travaillent également à la sensibilisation des populations locales et les aident à trouver des sources de revenus durables, par exemple grâce à l’initiative « Tisser pour la nature ».

 

Tisser pour la nature

L’idée : transformer un déchet en une ressource permettant de donner un débouché et des revenus supplémentaires aux communautés locales. Depuis 2007, des femmes formées au tissage collectent les sacs plastiques sur les plages. Les produits artisanaux qu’elles réalisent sont vendus aux touristes. Le revenu supplémentaire est d’environ 100 dollars US par mois pour chaque tisserand. C’est une proportion significative du revenu des ménages dans une région où le salaire moyen est estimé à 200 dollars US par mois. Avec cette source de revenus alternative, la motivation pour braconner les œufs disparaît. Le statut social des femmes s’est également amélioré grâce à cette activité.

La quantité de sacs plastiques sur les plages de nidification diminue. D’une part par le ramassage des sacs échoués, mais aussi par la récolte des sacs qui ne sont plus jetés dans la nature faute d’installations d’élimination des déchets.

Si les tortues sont toujours menacées, elles ne manquent pas d’alliés partout dans le monde : sauvetage de tortues prises dans des filets ou emmêlées dans des déchets flottants (Australie), surveillance et accompagnement des éclosions sur les plages (Costa Rica, Tunisie), éducation et projets artistiques autour du nettoyage de plages (Ghana), utilisation de faux œufs dotés de GPS pour traquer les trafiquants et acheteurs (Costa Rica), collecte et sauvetage de tortues terrestres et aquatiques chez nous (Belgique).

Pour plus d’info sur l’initiative « Tisser pour la nature » : Turtle-friendly plastic? A crafty solution to pollution, poaching and poverty | Fauna & Flora International (fauna-flora.org)

Photo : Pixabay

Vidéos : Pexel

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