Un régime très carné : quelles conséquences sur la biodiversité ?
Saviez-vous que le secteur de l’alimentation est la cause principale des dégâts environnementaux dans l’Union européenne, suivi du logement et de la mobilité ?[1] Bien que de nombreux consommateurs en soient conscients, nous avons tendance à sous-estimer les effets de nos habitudes alimentaires sur l’environnement[2]. Si ce n’est pas une bonne nouvelle, cela signifie tout de même que les choix que nous faisons peuvent vraiment faire la différence. Mais peut-on vraiment protéger la biodiversité en passant à table ?
À l’échelle mondiale, 65 milliards d’animaux sont abattus annuellement pour satisfaire notre consommation carnée. Si en Europe et aux Etats-Unis, la consommation de viande stagne, voire ralenti depuis quelques années (la consommation moyenne annuelle de viande des belges est passée de 82,4 kg en 2010 à 72,2 kg en 2020[3]), dans d’autres régions du monde – comme en Chine et en Inde par exemple – la consommation de viande connaît un véritable essor, notamment en raison de l’augmentation des revenus. La production mondiale a même quintuplé entre 1950 et 2000. Chiffrée à 309 millions de tonnes en 2013, elle pourrait bien atteindre 465 millions en 2050 sur une planète à plus de 9 milliards d’êtres humains.[4]
Une telle augmentation de la production de viande a pourtant des conséquences sur la biodiversité et sur la santé humaine. Les dommages sur les écosystèmes sont notamment générés par les élevages de bétail de plus en plus intensifs pour répondre à la demande croissante de viande rouge : déforestation pour transformer les forêts en cultures de céréales destinées à nourrir les animaux, pollution de l’eau et des sols, émissions de gaz à effets de serre, maltraitance des animaux, introduction de substances chimiques potentiellement dangereuses dans la chaîne alimentaire (antibiotiques, hormones de croissance, etc.).
Déforestation
La consommation actuelle de viande serait responsable de la destruction de 62% des forêts et autres écosystèmes[5]. La production d’1 kg de viande nécessite en effet entre 7 et 12kg de céréales[6]. Ce qui engendre le déboisement de millions d’hectares chaque année dans le monde pour y planter du blé, du maïs ou du soja visant à nourrir le bétail. Par ailleurs, 70% des terres agricoles sont aujourd’hui destinées à nourrir les animaux, 65% au niveau européen.[7]
Les forêts tropicales sont des écosystèmes particulièrement en danger. Un demi-hectare de forêt tropicale, soit l’équivalent de la surface d’un terrain de foot, est détruit toutes les secondes, avec pour corollaire la disparition de nombreuses espèces de plantes, d’animaux, d’insectes.[8]
Pollution et émission de gaz à effets de serre
Les élevages intensifs, très gourmands en eau (plus d’info ici), sont également sources de pollution en raison du nitrate et du phosphore dus aux épandages de fumier et de lisier. Le non-traitement des excréments de bovins générerait plus de 500 zones mortes saturées d’azote dans les océans[9]. Les rejets de pesticides et d’engrais contaminent les zones aquatiques et les sols qui s’appauvrissent.
D’après l’Organisation des nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’élevage serait responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serres (données 2017[10]), en raison de sa forte émission de méthane et de protoxyde d’azote, devançant ainsi le secteur du transport. Ces deux gaz résultent de l’usage d’engrais pour les cultures et de la digestion des ruminants. Ils ont un potentiel de réchauffement respectivement 25 et 300 fois supérieur à celui du CO2.[11] Une étude menée au Royaume-Uni a révélé que les émissions de gaz à effets de serre de la viande de bœuf s’élevaient à 16 kg d’équivalent CO2 par kilo de viande de bœuf, contre 0,8 kg d’équivalent CO2 par kilo de blé (Garnett 2009). En termes d’émissions de gaz à effets de serre, « la consommation d’un kilo de bœuf domestique dans un ménage représente l’utilisation d’une automobile sur une distance de 160 km. » (Carlsson-Kanyama et González 2009) Or, les changements climatiques constituent une importante menace pour la biodiversité et l’équilibre des écosystèmes.
Dès lors, quelles solutions puis-je adopter pour réduire mon empreinte et améliorer ma santé ? Découvrez-le dans l’article « Mieux manger pour sauver la biodiversité ».
[1] European Commission Joint Research Centre, Indicators and assessment of the environmental impact of EU consumption, 2019.
[2] Autriche, Belgique, Allemagne, Grèce, Italie, Lituanie, Pays-Bas, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Espagne. Des travaux sur le terrain ont eu lieu en octobre-novembre 2019, auprès d’un échantillon représentatif de plus de 11 000 consommateurs.
[3] https://www.retaildetail.be/fr/news/food/les-belges-mangent-toujours-moins-de-viande
[4] Le monde, l’impact de la viande sur l’environnement expliqué en 4 minutes, L’impact de la viande sur l’environnement expliqué en 4 minutes – YouTube
[5] Pendrill, F., Persson, U. M., Godar, J., Kastner, T., Moran, D., Schmidt, S., & Wood, R. (2019a). Agricultural and forestry trade drives large share of tropical deforestation emissions. Global Environmental Change, 56, 1-10.
[6] Le monde, l’impact de la viande sur l’environnement expliqué en 4 minutes, L’impact de la viande sur l’environnement expliqué en 4 minutes – YouTube
[7] Impacts of European livestock production: nitrogen, sulphur, phosphorus and greenhouse gas emissions, land-use, water eutrophication and biodiversity https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/10/11/115004/meta
[8]Le monde, Faut-il arrêter de manger de la viande ?
[9] Kip Andersen, Keegan Kuhn, Documentaire Cowspiracy
[10] http://www.fao.org/economic/ess/environment/data/emission-shares/en/
[11] Le monde, Pourquoi la viande est-elle si nocive pour la planète ?
Actus Associés
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