La biodiversité en rempart contre les dégâts des crues
Il peut sembler cynique d’évoquer des problématiques environnementales ou la perte de biodiversité face aux drames humains que les inondations provoquent, mais ces phénomènes sont étroitement liés. Le maintien d’espaces de biodiversité peut aider à les prévenir ou à en réduire l’impact tout en garantissant un cadre de vie sûr, sain et agréable.
Dans les espaces naturels inondés, l’eau fertilise les sols ce qui est bénéfique à la diversité biologique. En revanche dans les zones bâties situées en zone inondable, les effets sont catastrophiques et les dégâts considérables, y compris pour l’environnement, les paysages et la biodiversité.
La biodiversité est un rempart
Proches des cours d’eau ou plus lointaines, les plantes jouent un rôle très important dans le contrôle des inondations. Elles réduisent le ruissellement, l’érosion et la compaction des sols. En recouvrant les sols pour y implanter des bâtiments ou des routes, on provoque une imperméabilisation du sol. Lorsque ceux-ci sont rendus moins perméables, ils réduisent l’infiltration et l’épuration des eaux de pluie. Cela va limiter la recharge des nappes phréatiques. Le ruissellement vers les cours d’eau sera plus important en cas de fortes pluies et les effets négatifs des périodes de sécheresse seront renforcés.
Le maintien d’une couche de terre plus poreuse permet l’infiltration des eaux souterraines. Une forêt, par exemple, retiendra 6 fois plus d’eau qu’une parcelle d’herbe de surface égale. En absorbant de forts volumes d’eau, qu’elle restitue progressivement, la forêt joue un rôle de tampon qui permet de limiter les phénomènes de ruissellement, l’érosion et les glissements de terrain. Les zones humides naturelles pourront également jouer ce rôle de tampon en recueillant de l’eau de manière temporaire.
Le couvert végétal disperse et retient la pluie. En touchant le sol avec moins de force, l’eau aura le temps de s’y infiltrer sans emporter la couche supérieure qui abrite de nombreuses formes de vie.
Ainsi, sur les plateaux et dans les pentes, le maintien de zones vertes et boisées permet à l’eau de s’infiltrer au lieu de dévaler vers les vallées en emportant les sols. Dans les vallées, les arbres et arbustes plantés dans les berges permettent d’ancrer celles-ci solidement. La présence d’îlots de végétations, de berges naturelles et de plaines de débordement là où c’est possible permet de contrôler activement le débit et la force du courant.
La biodiversité fait partie des victimes
Lors de crues importantes, les dégâts affectent à la fois les habitats des plantes et animaux et leurs ressources. On assiste à une destruction des habitats des berges par les débits élevés de l’eau. Les débris et les sédiments emportés se déposent sur le fond de rivières. Ces dégâts ont un impact à long terme et sont parfois irréversibles pour des formes de vie fragilisées par le manque d’habitats ou la qualité des eaux.
La pollution des eaux de crue, notamment par les hydrocarbures et les pesticides emportés, mais aussi par des bactéries, des algues et du phytoplancton dont la croissance est favorisée par la turbidité de l’eau, aura un effet négatif sur la résilience des organismes vivants.
Une fois les berges naturelles détruites et la végétation emportée, l’érosion s’accélère, augmentant les dégâts causés par les inondations successives. Sur les plateaux, la même érosion laissera un sol nu et peu perméable qui favorisera le ruissellement et l’érosion lors des fortes pluies.
Les solutions
Des solutions semblent prometteuses. Dans les espaces naturels, le maintien et l’entretien d’espaces boisés et de zones humides permettent d’améliorer la rétention des eaux de pluie en amont. Le débit des cours d’eau en aval est ainsi régulé en créant des zones tampons. Les bassins d’orage peuvent également jouer le même rôle, mais ils sont généralement plus artificiels et moins intéressants du point de vue de la biodiversité.
Dans les espaces urbains, la création de jardins de pluie peut constituer une solution locale. Les jardins de pluie sont des petites dépressions plantées et perméables qui permettent de capter et de faire percoler les eaux de pluie vers le sous-sol. Ils peuvent prendre place sur des îlots de circulation, des places, des bermes centrales, dans les parcs publics ou les jardins privés. Ils s’intègrent ainsi dans le paysage urbain en le verdissant, tout en participant au maillage écologique.
Actus Associés
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