Mêmes priorités pour l’ONU et la présidence de l’UE à UNEA-6
Du 26 février au 1er mars, l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (UNEA), l’organe suprême de décision en matière d’environnement, s’est réuni à Nairobi, au Kenya. Cette sixième session (UNEA-6) a examiné comment les actions multilatérales peuvent contribuer à lutter contre la triple crise du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la pollution.
Porter les ambitions de l'UE sur la scène internationale
La présidence belge a coordonné la position européenne, à la fois avant et pendant l’Assemblée. À Nairobi, la présidence a eu également l’importante responsabilité de négocier au nom de l’UE, avec la Commission européenne. Son objectif était de transmettre efficacement ses priorités et ses ambitions environnementales au niveau international. Le ministre fédéral belge de l’Environnement était présent sur place pour y représenter la présidence du Conseil de l’UE.
Un système de gouvernance internationale pour réléver les défis urgents
L’UNEA est l’organe directeur du Programme des Nations-Unies pour l’environnement (PNUE), qui réunit tous les deux ans les 193 États membres des Nations-Unies, ainsi que des entreprises, la société civile et d’autres parties prenantes, au siège du PNUE à Nairobi, au Kenya.
L’Assemblée définit l’agenda environnemental mondial, fournit des orientations politiques générales et encourage les partenariats pour relever les défis environnementaux les plus pressants. En tant que seul forum universel dédié à l’environnement, l’UNEA constitue une plateforme unique pour l’action environnementale mondiale.
Les objectifs de l'UNEA-6
Cette sixième session (UNEA-6) s’est tenu sous le thème général « Actions multilatérales efficaces, inclusives et durables pour lutter contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution ». Les États membres y ont examiné les projets de résolution ou de décision, qui ont été regroupés en différents clusters thématiques. Lors des négociations, la présidence belge a cherché à faire aboutir diverses résolutions prioritaires pour l’UE. Ces résolutions cherchent à répondre à des problématiques environnementales telles que la pollution chimique, et à mettre en place des mesures afin de renforcer les politiques de l’eau, la gouvernance des océans et des mers, l’économie circulaire et la coopération à tous les niveaux de prise de décision.
Cluster I : Pollution, produits chimiques et déchets
Les pesticides hautement dangereux (HHPs) sont reconnus comme étant les plus nocifs pour la santé humaine et l’environnement, même s’ils ne représentent qu’une part relativement faible de tous les pesticides. La mise en œuvre effective de l’Alliance mondiale sur les HHPs, qui vise à développer et à promouvoir des solutions de remplacement, est essentielle pour parvenir à leur élimination progressive à l’échelle mondiale et pour assurer la transition vers des alternatives plus durables. La résolution sur la gestion rationnelle des produits chimiques et des déchets (SMCW) souligne l’absence de progrès dans ce secteur. Le Cadre mondial sur les produits chimiques (GFC) est présenté comme l’une des réponses à cette situation. Son objectif est de prévenir ou de réduire au minimum les dommages causés par les produits chimiques et les déchets en couvrant l’ensemble du cycle de vie des produits chimiques grâce à une approche multipartite et multisectorielle.
Cluster II : Actions en faveur de la nature
Ce cluster s’est concentré sur le rôle de la nature dans la lutte contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution. L’UE a proposé deux résolutions.
La première concernait la mise en œuvre de solutions efficaces et inclusives pour renforcer les politiques de l’eau et soutenir le développement durable (coopération transfrontalière, cycle hydrologique mondial, gestion intégrée de l’eau, nouvelle stratégie du PNUE sur l’eau, rôle de l’eau dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, pour la sécurité alimentaire et énergétique, etc.).
La deuxième résolution, présentée conjointement avec le Costa Rica, a porté sur le renforcement du système de gouvernance internationale des océans et des mers (accord BBNJ, instrument juridiquement contraignant sur la pollution plastique, etc.).
Une autre proposition a porté sur le renforcement des efforts internationaux visant à stopper la dégradation des terres, à les restaurer et à accroître la résistance à la sécheresse. La détermination de critères, normes, standards et lignes directrices destinées à mettre en œuvre des solutions basées sur la nature visant à soutenir le développement durable est également discutée dans ce cluster.
Cluster III : Gouvernance environnementale internationale
L’objectif principal de ces propositions était d’améliorer la coopération et les synergies à tous les niveaux afin de :
* renforcer la mise en œuvre des décisions internationales en matière d’environnement ;
* faire face aux crises environnementales mondiales interdépendantes ;
* renforcer le soutien aux pays en développement qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes du changement climatique ;
* soutenir le développement durable.
Cluster IV : Causes profondes du changement climatique, de la perte de la nature et de la biodiversité et de la pollution
L’économie circulaire était au cœur de plusieurs de ces résolutions dont celle proposée par l’UE qui veut accélérer l’adoption de la circularité dans des secteurs problématiques tels que le textile. En ce qui concerne les minéraux et les métaux, la résolution a souligné leur rôle important dans la réalisation du programme de développement durable de l’ONU à l’horizon 2030 et la nécessité urgente d’agir sur l’ensemble de leur cycle de vie.
L’objectif était de parvenir à une consommation et une production durable tout en garantissant l’approvisionnement en minéraux. L’adoption de modes de vie durables et les approches systémiques étaient aussi mises en avant en tant que moyens pour renforcer la transition vers l’économie circulaire et lutter contre les dérèglements climatiques. Une plus grande attention est également a été demandée pour la circularité et la résilience dans l’agro-industrie de la canne à sucre.
Les résultats obtenus
Les débats ont mené à l’adoption d’une déclaration ministérielle et de plusieurs résolutions portant notamment sur les moyens d’améliorer la coopération et d’assurer des synergies dans la mise en œuvre concrète des mesures entreprises à tous les niveaux d’action.
Après d’intenses négociations, deux résolutions proposées par l’UE et ses Etat membres ont finalement été adoptées. La première concerne la mise en œuvre de solutions efficaces et inclusives pour renforcer les politiques de l’eau et parvenir à un développement durable dans le contexte du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la pollution. Elle s’appuie sur les résultats de la Conférence des Nations unies sur l’Eau de 2023 et charge le PNUE de jouer un rôle actif dans la préparation des futures conférences sur l’eau.
La seconde, présentée avec le Costa-Rica, porte sur le renforcement des efforts déployés dans le domaine des océans pour faire face à la triple crise. Elle appelle les États membres, le PNUE et les secrétariats des conventions régionales et des plans d’action sur les mers à agir ensemble pour protéger et conserver l’environnement marin et côtier. Elle encourage aussi la ratification rapide de l’accord « Biodiversité au-delà des juridictions nationales » (BBNJ) récemment adopté et le développement de l’instrument juridiquement contraignant sur la pollution plastique actuellement en cours de négociation lors des sessions de l’INC.
L’UE avait aussi proposé une résolution visant à accélérer la transition vers l’économie circulaire, qui n’a pas obtenu le soutien nécessaire. Le retour en arrière n’étant pas envisageable, l’UE a décidé de retirer sa proposition, tout en précisant que la transformation de l’économie linéaire en économie circulaire continuerait d’être mise en avant. L’UE s’est également réjouie de l’adoption d’une résolution sur les modes de vie durables et voir que le concept de circularité a été inclus dans la résolution relative au secteur de la canne à sucre.
L’UNEA-6 a aussi permis d’obtenir plusieurs autres résultats comme par exemple :
* L’utilisation croissante des ressources, considérée comme le principal moteur de la triple crise planétaire, exige la mise en œuvre de changements systémiques de grande envergure à une échelle et à une vitesse sans précédent. Le Global Resource Outlook 2024 a été présenté pour fournir aux gouvernements un outil intégré de prise de décision pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) et ceux définis dans les accords internationaux.
* Pour la première fois, le PNUE a organisé une journée entière de dialogue avec les secrétariats des principaux accords multilatéraux sur l’environnement (AME), afin d’améliorer leur complémentarité dans leurs efforts pour enrayer le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution.
* La déclaration ministérielle a souligné la nécessité d’accélérer la mise en œuvre du Cadre mondial sur les produits chimiques. Ce cadre vise à prévenir et réduire les dommages causés par les produits chimiques et les déchets en couvrant l’ensemble de leur cycle de vie grâce à une approche multipartite et multisectorielle.
Enfin, la ministre belge, nommée vice-président de la prochaine assemblée de l’UNEA-7 de décembre 2025, a accueilli sa nomination en déclarant :
Actus Associés
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