Viande et biodiversité : un lien complexe
Parmi les aliments les plus décriés pour leur impact environnemental se trouve la viande (bœuf, volaille, porc, etc.). Mais en quoi cela affecte-t-il la biodiversité ?
Le dernier rapport 2013 de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime que l’élevage de bétail est responsable de 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. L’augmentation de la concentration de ces gaz est l’un des facteurs bien connus du changement climatique qui est lui-même l’une des principales menaces pesant sur la biodiversité.
En élevage industriel, la production d’un kilo de bœuf absorberait 13 500 litres d’eau ; un kilo de porc équivaudrait à 4 600 litres et un kilo de poulet à 4 100 litres. La majeure partie de cette eau a été nécessaire pour produire leur fourrage : soja, maïs et autres céréales. L’impact biodiversité provient donc d’une compétition pour l’eau mais également des pratiques agricoles utilisées.
La destruction des habitats pour l’élevage et par l’élevage est aussi une réalité à prendre en compte. La faune et la flore d’origine sont souvent fortement impactées par le changement d’affectation du sol.
Ces chiffres mondiaux ne reflètent cependant pas les réalités très diverses de l’élevage. Difficile de mettre sur le même pied, l’élevage bovin intensif aux Etats-Unis où existent des fermes de plusieurs milliers de vaches, l’élevage parfois encore nomade dans certaines régions d’Afrique et l’élevage de nos contrées. Non seulement les pratiques diffèrent, mais aussi les écosystèmes, et donc les impacts.
La viande en Belgique
En Belgique, l’agriculture est responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre, dont 6% proviennent de l’élevage. Les pratiques agricoles et la nourriture destinée à l’élevage peuvent alourdir ou alléger l’empreinte de la viande belge.
L’élevage extensif de bœuf permet, selon les pratiques des éleveurs, de donner aux prairies permanentes un rôle de « puits de carbone » : elles absorbent plus de CO2 qu’elles n’en émettent.
La Belgique importe par contre chaque année des centaines de milliers de tonnes de tourteaux de soja pour l’alimentation animale du Brésil, d’Argentine, des Etats-Unis et du Canada.
Et la biodiversité dans tout ça ?
Les prairies permanentes font partie du paysage belge et peuvent contribuer à la préservation de la faune et de la flore. Certains milieux riches en biodiversité, comme les pelouses calcaires, ont même été formés par les pratiques agro-pastorales traditionnelles. L’impact sur la biodiversité dépend des pratiques agricoles exercées telles que les méthodes de fertilisation ou le nombre de bêtes en prairie.
La déforestation de la forêt amazonienne due à la culture du soja aurait drastiquement baissé en 10 ans grâce à sa dénonciation par diverses ONG. Toutefois, il semblerait que la destruction des habitats se déporte sur un autre écosystème : le Cerrado. Cet écosystème abritant 5% de la biodiversité mondiale, dont 800 espèces d’oiseaux, se voit aujourd’hui menacé et remplacé par des champs de soja à perte de vue.
Que faire ?
En 2015, le Belge consommait en moyenne 84.1 kg de viande (toute viande confondue) par an. Cela équivaut à environ 1,6 kg par semaine. Dans un avis rendu en 2013, le Conseil supérieur de la Santé recommande pourtant de limiter la consommation à maximum « 500 g/semaine pour un individu qui mange de la viande rouge et de consommer peu, voire pas du tout, de charcuteries à base de viande rouge ».
Une étude de l’autorité fédérale démontre qu’une réduction de moitié de la consommation de viande peut contribuer à une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre. D’un point de vue de santé publique et de préservation de l’environnement, il est donc impératif de limiter sa consommation et de bien choisir la viande : se renseigner sur sa provenance, privilégier les circuits de distribution courts, voire établir une relation directe avec un éleveur local. Des gestes qui respectent à la fois le produit, le producteur et la biodiversité.
Actus Associés
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