La vanille, un plaisir bientôt inaccessible ?
Son arôme puissant et délicat en fait une épice très appréciée. Et bien qu’elle se retrouve un peu partout dans les produits alimentaires, les cosmétiques ou encore les huiles essentielles, la vanille fait pourtant partie des épices les plus chères avec le safran et pourrait devenir un produit aussi luxueux que ce dernier. En effet, sa production est de plus en plus menacée…
Les plants portant les gousses de vanille poussent en sous-bois dans les zones ombragées des régions tropicales. C’est une liane de la famille des orchidées qui grimpe le long d’un arbre-tuteur à l’aide de ses racines aériennes. Cette plante nécessite un sol bien drainé et riche en matières organiques.
… par les intempéries
L’île de Madagascar, au milieu de l’Océan indien, est à la source de la majorité de la production mondiale de vanille naturelle. C’est aussi un des 17 pays « mégadivers », ce groupe de pays qui détiennent la majorité des espèces et sont donc considérés comme les plus riches de la planète en matière de diversité biologique. Mais cette biodiversité et la production de vanille y sont menacées par les intempéries. En mars 2017, le cyclone Enawo a détruit une grande partie des exploitations de l’île : les plantations ont été inondées, les gousses tombées au sol ou plongées dans l’eau ont pourri, les plants de vanille ou leurs arbres-tuteurs ont été arrachés par le vent.
A l’heure actuelle, il n’est pas possible d’évaluer avec certitude si la fréquence des cyclones tropicaux a augmenté. Mais l’élévation de la température de la mer résultant des changements climatiques permet aux cyclones en formation d’accumuler plus d’humidité. Ce phénomène renforce les dégâts causés aux récoltes par les pluies cycloniques et la vanille se fait ainsi plus rare.
… par la spéculation
La culture de la vanille emploie directement environ 210 mille personnes, dont plus de 85 mille producteurs éparpillés et peu structurés qui ne profitent malheureusement pas de la hausse généralisée des prix. Le marché a en effet vu apparaître des intermédiaires fortunés qui achètent et stockent la vanille, qu’ils proposent ensuite aux exportateurs au prix fort. Cette spéculation ne bénéficie pas aux producteurs et est notamment un moyen de dissimuler des fortunes mal acquises : les vendeurs de bois de rose malgache, une espèce CITES dont l’exportation est illégale, blanchissent l’argent qu’ils tirent de leur trafic illégal en achetant de la vanille.
Vanilline de synthèse versus vanille naturelle ?
Rien ne remplace réellement la vanille naturelle. En effet, l’arôme de la vanille ne dépend pas que de la vanilline. Seul le produit naturel présente la richesse et la complexité d’arômes différents résultant de l’interaction entre les plants de vanille et diverses espèces de champignons symbiotiques. Les interactions avec son arbre-tuteur, son environnement et les procédés artisanaux de la récolte et du traitement contribuent aussi à donner à la vanille naturelle son goût unique.
Pourtant, actuellement, 90 % des utilisations industrielles se font avec de la vanilline d’origine synthétique. Il est également possible de biosynthétiser de la vanilline à partir de déchets de bois, la lignine ou encore à partir de riz. Mais cette biosynthèse de vanilline nécessite des quantités énormes de sucre, ce qui favorise ainsi les monocultures sucrières au détriment de la biodiversité. Pas une solution durable, donc.
Que faire alors pour continuer à goûter le plaisir unique des délicieuses gousses de vanille de Madagascar ? En l’achetant dans des circuits fair trade garantissant un salaire décent aux producteurs, en en consommant avec modération, en veillant à réduire notre impact sur les changements climatiques et en privilégiant du bois labellisé PEFC ou FSC. Des gestes qui préservent la biodiversité, la qualité du produit, et le producteur.
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