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La viande sauvage illégale :
Un problème pour la biodiversité et la santé
Qu'est-ce que la « viande sauvage » ou «viande de brousse » ?
La « viande sauvage » désigne la viande issue de mammifères non domestiqués, de reptiles, d’amphibiens et d’oiseaux qui sont chassés dans la nature pour être consommés. Elle est appelée «viande de brousse» pour le continent africain.
Le prélèvement d’animaux sauvages est particulièrement développé dans les régions tropicales et concerne un très grand nombre d’espèces : singes, pangolins, serpents, antilopes, rats, écureuils, porcs-épics, crocodiles, civettes, etc.
Cette pratique est une source importante de protéines et de nutriments pour les populations rurales, ainsi qu’une source de revenus économiques.
Quels sont les risques pour la santé ?
Malgré les avantages indéniables pour la sécurité alimentaire et économique de ces populations, la viande sauvage présente cependant des risques importants pour la santé humaine, la santé des animaux, la biodiversité et les écosystèmes.
La viande sauvage peut en effet être contaminée par des pathogènes et infecter les êtres humains lors du transport, du processus de transformation ou de la consommation finale. Les cadavres d’animaux sauvages peuvent être une source de contagion de différentes maladies par contact direct ou indirect.
La transformation et la manipulation de viande sauvage crue pose particulièrement un risque de santé publique en favorisant la transmission de certaines maladies à l’homme, comme par exemple la maladie à virus Ebola. La consommation de viande sauvage, même cuite, reste aussi une source potentielle de maladies d’origine bactérienne ou parasitaire.
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Un danger pour la biodiversité
Quant aux populations d’animaux sauvages, celles-ci peuvent décliner drastiquement à cause de la chasse, dont des espèces menacées qui font l’objet d’une stricte protection au niveau international. Une étude du CIFOR-ICRAF(2011) estime que 6 millions de tonnes de viande de sauvage sont extraites du bassin du Congo et du bassin de l’Amazone chaque année, soit presque l’équivalent de la production annuelle de bœuf du Brésil. La surexploitation d’espèces peut conduire jusqu’à leur extinction et impacter durablement l’équilibre de l’écosystème tropical.
Pourquoi ce problème concerne-t-il la Belgique et l’Union européenne ?
Depuis plusieurs années, on assiste à un trafic de viande sauvage au sein des pays d’origine, notamment pour alimenter les marchés citadins au niveau local, régional et même international. En Belgique, cette viande est considérée par la diaspora comme un produit de luxe et engendre un marché illégal dont l’ampleur reste globalmet meconnue.
Il est interdit d’importer de la viande dans ses bagages lorsqu’on revient d’un pays tiers de l’Union européenne. Pourtant, chaque jour, des passagers prennent l’avion en emportant illégalement dans leurs bagages de la viande sauvage. Ce transport s’opère dans des conditions sanitaires douteuses et sans traçabilité, ce qui peut mettre à risque la santé humaine mais aussi celles des animaux sauvages et domestiques.
Selon une étude réalisée par DG Environnement du SPF Santé publique en 2019, 44 tonnes de viande de brousse venant d’Afrique sub-saharienne arriveraient chaque année à l’aéroport de Bruxelles-National. L’étude belge a mis en évidence que plus de la moitié de cette viande provient d’animaux domestiques (bovins, chèvres ou porc) mais lors des contrôles, les chercheurs ont également trouvé environ 40% de viande sauvage, est constitué d’un tiers d’espèces protégées internationalement par la convention CITES comme du pangolin, du babouin, de l’antilope, du python ou encore des varans.
Cette viande est supposée être majoritairement destinée pour être consommée à des fins privées en Belgique, mais différentes questions restent en suspens, notamment sur l’existence d’une structure plus organisée derrière ce trafic avec des connexions au niveau européen.
Que peuvent faire les autorités publiques ?
Pour protéger la biodiversité et prévenir toute introduction de pathogènes, il est nécessaire d’établir une stratégie de lutte au niveau national entre tous les acteurs concernés. Actuellement, une task force multidiscipliniaire et interministérielle travaille sur un projet de plan belge et a défini une série d’actions pour :
- mieux connaître l’ampleur et les caractéristiques du trafic et des risques ;
- améliorer les législations, les contrôles aux frontières et les procédures ;
- développer des actions de collaboration avec le secteur aérien ;
- responsabiliser et conscientiser les consommateurs.
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Le 12 décembre 2024, à l’initiative du SPF Santé publique, un workshop d’experts s’est tenu à Bruxelles dans le cadre des travaux de la Task Force. L’objectif était de discuter spécifiquement des enjeux liés à l’importation illégale de viande sauvage et de définir les actions prioritaires à mettre en œuvre au niveau national. Une soixantaine de participants issus d’administrations publiques, d’organisations non-gouvernementales, d’institutions scientifiques et du secteur du transport aérien ont répondu présents.
Durant la matinée du workshop, différentes présentations ont été données afin de mieux comprendre la problématique, les actions menées jusqu’à présent et les pistes d’actions pour l’avenir. La présence de représentants des douanes françaises, de la Direction générale de l’aviation civile française ainsi que la compagnie aérienne Air France a permis de confronter les connaissances et les stratégies développées en Belgique et en France, ainsi que d’échanger et explorer les possibilités pour un échange plus régulier, voire des actions coordonnées entre les deux pays.
Les discussions de l’après-midi du workshop ont permis d’identifier des recommandations prioritaires, lesquelles vont notamment permettre à la Task Force de finaliser sa proposition de plan de lutte contre l’importation illégale de viande sauvage.
Vous trouverez ici :
- la concept note du workshop
- le programme du workshop
- les présentations des orateurs:
FPS Public Health Food Chain Safety and Environment
General Directorate of Customs and Excise – France
- le rapport du workshop
- les policy recommendations
- proposition de plan belge sur la viande sauvage illégale
Un appel à la vigilance et à la responsabilité
En tant que citoyens, nous avons tous un rôle à jouer dans la préservation de la biodiversité et la lutte contre ce trafic. Il est interdit d’importer de la viande dans ses bagages lors d’un retour de pays hors Union européenne. En cas de doute, mieux vaut s’abstenir : c’est une question de santé publique, mais aussi de protection de notre environnement.
Plus d’info :
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